Logistique inversée : En quoi affecte-t-elle la gestion des déchets ?
Bien que la durabilité joue aujourd’hui un rôle clé dans la feuille de route de la plupart des entreprises, le fait est qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. La Banque mondiale estime à plus de 600 millions de tonnes par an le volume de déchets solides qui ne sont pas gérés correctement. Dans le cadre de ce processus visant à réduire au maximum l’impact négatif de l’activité des entreprises, la logistique inversée est devenue une alliée de poids. Elle trace le chemin pour améliorer la gestion des déchets solides et la compétitivité du marché.
Qu’est-ce que la logistique inversée ?
La logistique inversée part d’une tendance à laquelle Luttwak faisait déjà référence en 1971, pour signaler le processus de récupération de produits des clients à travers le service après-vente, et qui aujourd’hui se définit comme « un processus par lequel les entreprises peuvent devenir plus respectueuses de l’environnement grâce au recyclage, à la réutilisation et à la réduction de la quantité des matériaux utilisés »1.
Aussi connue sous le nom de logistique de retour, elle gère le retour des marchandises dans la chaîne d’approvisionnement, autrement dit, elle se charge de la récupération et du recyclage des conditionnements et emballages, ainsi que des retours des clients et des processus de retour des excédents de stock. Ce terme s’utilise non seulement pour faire référence au rôle que joue la logistique dans le retour du produit, mais aussi à la réutilisation des matériaux, la réduction de matières premières dans leur fabrication, l’élimination des déchets, et la réparation ou la remise à neuf.
De plus en plus intégrée dans le processus commercial, notamment avec l’essor du e-commerce, la logistique inversée permet de renforcer la satisfaction et le service fourni au client, ainsi que de mettre en place des améliorations qui réduisent l’impact environnemental. Intégrer dans la chaîne d’approvisionnement tout le processus de logistique inversée doit être l’une des priorités des organisations qui souhaitent apporter une valeur ajoutée à leur produit.
Le traitement de la logistique inversée en matière de déchets
Depuis quelques années, la règlementation sur les déchets de l’Union européenne et, en particulier, le Nouveau plan d’action pour une économie circulaire, met l’accent sur ledit principe de responsabilité élargie des producteurs (REP), mais en quoi consiste ce principe ? Concrètement, il fait référence à l’idée que la responsabilité qu’a un fabricant sur ses produits s’étend au stade post-consommation de leur cycle de vie, autrement dit, il a la responsabilité de récupérer ses produits lorsqu’ils arrivent en fin de vie utile, en assumant le coût de gestion de ceux-ci. Pour faire face à ces obligations, la plupart des secteurs concernés misent sur des systèmes intégrés de gestion (SIG), autrement dit, ils paient un tiers pour lui céder leurs responsabilités.
Le rapport du Parlement européen sur la logistique dans l’Union souligne déjà « la nécessité d’intégrer les opérations de logistique de distribution et de logistique inversée afin de réduire l’ensemble des besoins de mouvement des véhicules, également au vu de la transition progressive vers une économie circulaire ». D’autre part, comme le souligne la publication « Identification and assessment of opportunities and threats for the circular economy arising from e-commerce », il est conseillé aux plateformes d’e-commerce de ne pas se consacrer à la vente de produits de seconde main, et d’adapter leurs activités, en créant des alliances avec des infrastructures de logistique inversée leur permettant de mettre en place ces systèmes de retour.
Selon cette publication, l’utilisation de la logistique inversée en tant que méthode de retour de produits pour les plateformes d’e-commerce implique une opportunité d’obtenir une chaîne de réutilisation, de réparation et de recyclage efficace, qui contribue au développement de l’économie circulaire. Cette publication met également en évidence l’importance que peut avoir la logistique de retour dans le domaine de l’emballage pour le secteur du e-commerce.
Systèmes de gestion intégrée (SGI) en Espagne
À la différence d’autres pays ayant une plus grande conscience écologique, en Espagne, très peu d’entreprises disposent de canaux de distribution inversée destinés à récupérer les déchets générés par leurs produits. Ainsi, selon les données du ministère pour la transition écologique et du défi démographique, 94 % des déchets urbains générés terminent dans une décharge et seuls 6 % sont triés de manière sélective en vue de leur récupération.
La plupart des progrès réalisés en Espagne en matière de logistique inverse sont dus à la création de systèmes de gestion intégrée (SGI). Le tableau suivant, extrait de l'article "Systèmes de distribution inverse pour la valorisation des déchets : leur développement en Espagne", présente les principales caractéristiques de ces systèmes.
En somme, et comme l’indique l’article publié dans l’INNOVA Research Journal, « Reserve logisitcs as a differentiation strategy for dynamic markets », les entreprises ayant appliqué la logistique inversée ont amélioré leur compétitivité, en réduisant leurs coûts tout en renforçant leur crédibilité sur le marché à travers leurs efforts pour minimiser l’empreinte écologique. Par conséquent, l’application de pratiques de logistique inversée augmente les possibilités de se différencier de la concurrence et génère un climat de confiance et de sécurité chez les consommateurs.
Dans tous les cas, la participation à un SIG ne peut pas être considérée comme une mesure de gestion environnementale de l’entreprise. Si une entreprise souhaite réellement apporter un avantage concurrentiel, elle devra incorporer les critères environnementaux dans tous les processus de sa chaîne d’approvisionnement, de la conception du produit à partir de matériaux moins polluants et en moindre volume, à son packaging ou sa distribution.
Quoi qu’il en soit, l’implantation correcte d’un système de logistique inversée requiert inévitablement la participation des consommateurs. Leur rôle est crucial et, même s’ils sont de plus en plus conscients de l’importance d’un achat responsable et durable, il est fondamental d’encourager leur collaboration par des activités liées à l’éducation et l’information sur les systèmes de récupération des déchets.